Au cœur des débats sur la protection des données, l’illusion de la souveraineté numérique est souvent mise en avant par de puissants acteurs du secteur. Face à la complexité de la géoéconomie actuelle, des entreprises se drapent dans un voile de souveraineté, laissant croire à une gestion locale et sécurisée des informations. –
Or, cette représentation idyllique s’érode lorsqu’on découvre que les gardiens autoproclamés des données ne sont autres que des acteurs étrangers. Loin d’être un simple écueil technique, cette situation entache la confiance des utilisateurs et met en péril les opérateurs économiques stratégiques européens, leur laissant une fausse impression de maîtrise sur leurs précieuses informations.
La façade trompeuse de la souveraineté affichée
Alors que la protection des données s’impose comme un pilier de notre ère numérique, une pratique insidieuse émerge au sein de certaines entreprises du secteur. Leurs discours marketing vantent une souveraineté numérique qui, en réalité, n’est souvent qu’une façade. Sous le vernis d’une identité nationale ou européenne, ces acteurs dissimulent une exploitation de données qui peut s’avérer contraire aux intérêts européens.
“La confiance est le carburant de l’économie numérique. Sans elle, nos ambitions de croissance et d’innovation restent lettre morte.”
Axelle Lemaire, ancienne Secrétaire d’État chargée du Numérique
Au sein de ce théâtre d’illusions, les utilisateurs sont induits en erreur, croyant naïvement à la sécurité de leurs informations personnelles. Le paradoxe est tel que, derrière les promesses de contrôle et d’autonomie, se cache une dépendance accrue vis-à-vis d’acteurs étrangers. Cette fausse impression de souveraineté mine l’authenticité des engagements des entreprises vis-à-vis des utilisateurs et déstabilise les fondements de la confiance numérique.
Les risques du cloud sous influence étrangère
L’exemple le mieux connu de cette dichotomie est peut-être celui des géants du cloud comme AWS, qui, malgré la création d’une soi-disant offre de cloud européen, maintiennent leurs données bien au-delà des frontières de l’Union. La gestion des données régaliennes, telles que les informations de santé, sur des serveurs sujets à l’extraterritorialité juridique américaine, pose un risque non négligeable à la sécurité des États et de leurs citoyens.
La concentration des données européennes dans les mains d’entités étrangères va à l’encontre des principes de souveraineté et de sécurité nationale. Le faux confort procuré par les promesses d’un hébergement de données sécurisé et souverain est une préoccupation majeure pour les opérateurs économiques stratégiques qui se retrouvent dans une position de vulnérabilité face à des législations étrangères invasives.
L’impératif d’une transparence accrue pour les utilisateurs
Dans un monde où les scandales liés à l’utilisation abusive des données personnelles se multiplient, l’exigence de transparence devient centrale. Comme la lutte contre le greenwashing a sensibilisé les consommateurs aux enjeux environnementaux, le combat contre le sovereign washing doit éveiller la conscience sur la protection du consommateur dans le domaine numérique.
La souveraineté numérique ne doit pas être un argument commercial, mais une réalité tangible et vérifiable.
Nous devons encourager les entreprises à adopter un langage clair et honnête sur la réelle localisation et gestion des données. Il s’agit non seulement de respecter la vie privée des individus mais aussi d’assurer l’efficacité des politiques publiques et de consolider les fondations des technologies numériques.