Le dénigrement professionnel, une ombre insidieuse plane sur le climat de travail des entreprises. L’Université de Caen, avec le professeur Franck Biétry, dévoile une recherche sur la psychologie du témoin de harcèlement en entreprise, dépeignant les contours d’une réalité souvent tue.
Quels ressorts poussent certains à l’intervention des collègues, tandis que d’autres demeurent spectateurs silencieux ? L’hostilité cynique, l’identité morale et la croyance en la justice s’entremêlent dans ce ballet complexe d’éthique professionnelle. La réaction des témoins est un miroir de leur système de valeurs, où la méfiance généralisée côtoie le comportement éthique.
Réactions face à l’injustice : une étude révélatrice
Lorsqu’il s’agit de réaction des témoins face au dénigrement professionnel, les résultats d’une étude menée par l’Université de Caen et son chercheur, Franck Biétry, apportent un éclairage nouveau. Cette recherche en management démontre combien les témoins sont sensibles à l’intensité de l’injustice au bureau. Mais les conditions de leur intervention en disent long sur le climat de travail et les dynamiques de groupe.
Quand un salarié assiste à une situation où un collègue est l’objet de dénigrement, sa décision d’intervenir est complexe. La perception de l’injustice subie par la victime joue un rôle central, et la manière dont cette dernière est traitée peut soit renforcer soit éroder la cohésion et le respect mutuel au sein des équipes.
La personnalité du témoin et son impact sur le dénigrement
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la hostilité cynique, ou la tendance à la méfiance généralisée, n’influence pas nécessairement la réaction d’un témoin de dénigrement. C’est en réalité l’identité morale et la croyance en la justice qui sont déterminantes. Les traits de personnalité jouent donc un rôle clé dans la prise de position contre le harcèlement en entreprise.
L’impact des convictions personnelles sur la réaction au harcèlement est significatif. Ceux qui jugent le dénigrement comme étant moralement répréhensible sont naturellement poussés à agir. La situation se complique lorsque les témoins doivent peser les conséquences potentielles d’une intervention ouverte contre l’harceleur.
Quand les valeurs personnelles guident nos actions
- Système de valeurs personnelles et leur influence sur les réactions face au dénigrement
- Importance de l’éthique professionnelle dans le jugement des situations de harcèlement
- Rôle de la morale au travail dans la décision d’intervenir ou non
- Le comportement éthique en réponse aux comportements inappropriés
Ce ne sont pas seulement les politiques d’entreprise mais aussi les valeurs personnelles qui motivent les salariés à prendre position dans une situation de dénigrement. Les personnes qui valorisent l’éthique professionnelle et ont un code moral développé sont ceux qui sont le moins susceptibles de rester silencieux.
Justice du monde : croyances influençant l’intervention
“La croyance en une justice immanente dans le monde peut parfois empêcher les témoins d’agir, plaçant ainsi la responsabilité des actes sur la victime elle-même.”
Franck Biétry, Université de Caen
Ceux qui adhèrent fortement à l’idée de la méritocratie, ou la croyance en la justice du monde, peuvent justifier leur inaction par une forme de rationalisation : si un collègue est dénigré, il doit y avoir une raison valable. Ces convictions profondes influencent donc la psychologie du travail et les décisions prises face aux attributions de responsabilité.
Le poids de l’expérience : l’injustice vécue et sa reconnaissance
L'empathie envers la victime est souvent conditionnée par notre propre vécu et nos antécédents professionnels.
L’expérience de l’injustice vécue par les témoins s’avère fondamentale dans leur capacité à reconnaître le harcèlement. Ceux qui ont déjà été victimes sont généralement mieux disposés à faire preuve d’empathie envers la victime. Ceci étant dit, cela ne se traduit pas toujours par un soutien actif, révélant ainsi les nuances complexes du soutien à la victime et de la culture d’entreprise.
L’étude montre que si l’on aspire à un environnement professionnel bienveillant, il est vital que les expériences passées des employés soient prises en compte pour encourager une culture où le soutien à la victime est la norme, plutôt que l’exception.