Le 27 décembre dernier, la Banque centrale du Kosovo (CBK) a réaffirmé son attachement à la seule monnaie ayant valeur légale dans le pays, l’Euro.
En effet, un nouveau règlement visant à renforcer la transparence des échanges d’espèces dans le pays vient désormais d’entrer en vigueur prévoyant l’utilisation seul de l’Euro dans ce type d’opérations. Pays des Balkans attaché à l’Europe depuis toujours, le Kosovo a adopté l’Euro depuis son entrée en vigueur en janvier 2002. L’Euro figure ainsi au sein de la Constitution kosovare. Néanmoins, au regard des relations historiques avec la Serbie, cet imposant voisin, la Banque centrale kosovare avait jusque-là toléré la circulation du dinar serbe dans le pays, en particulier dans les provinces du Nord, dans lesquelles vivent la majorité de la minorité serbe.
Depuis l’annonce de cette décision, des critiques ont émanées, pour certaines intéressantes et constructives de la part de la communauté internationale, pour d’autres totalement fantaisistes provenant de la Serbie notamment. D’une décision d’une Banque centrale indépendante, certains médias serbes en ont fait les prémices d’un risque de génocide. Le mot est lâché et il impressionne. Au vu des tensions actuelles dans la région et des velléités du voisin russe à retrouver le territoire et les alliés de la Grande Russie, ces prises de position ont de quoi inquiéter.
Le gouvernement kosovar a immédiatement réagi en réaffirmant tout d’abord l’indispensable indépendance des institutions telle qu’une banque centrale dans une démocratie. La Banque centrale du Kosovo est donc la seule autorité ayant le droit de déterminer la monnaie autorisée pour les opérations de paiement et l’entrée de devises étrangères dans le pays. Si le Kosovo est, sans nul doute, un jeune Etat, il progresse néanmoins à grande vitesse et se veut irréprochable dans sa lutte contre la corruption notamment.
L’objectif de ce nouveau règlement sur les opérations en espèces est de faire progresser et de définir les normes réglementaires concernant donc les opérations en espèces, y compris le contrôle de la quantité de monnaie en circulation, la protection de l’intégrité du système financier, la lutte contre la fausse monnaie, le blanchiment d’argent et les activités de financement du terrorisme.
Attentif aux conseils et mises en garde de la communauté internationale, le gouvernement kosovar a décidé de la mise en place d’une période de transition, d’un mois au minimum, afin de permettre à tous les kosovars disposant dans le pays de compte bancaire libellé dans une autre devise que l’euro de prendre les mesures nécessaires afin de transférer et d’obtenir le change des sommes qui y figureraient. Cette période de transition s’accompagne également d’une série de mesures, telles que notamment l’ouverture d’une hotline gratuite – permettant d’être à l’écoute des personnes en particulier âgées –, l’assouplissement des conditions d’ouverture de comptes bancaires, le déploiement de plusieurs distributeurs automatiques de billets et d’autres dispositifs permettant les paiements électroniques, la facilitation des processus d’échange auprès d’institutions financières et de bureaux de change agréés, etc.
Interrogée à ce sujet, la Banque centrale du Kosovo se dit également ouverte à la coopération avec d’autres banques centrales, en particulier celle serbe, afin de permettre une application la plus sereine possible, tout en réaffirmant son engagement dans le rapprochement du pays avec l’Union européenne. La CBK a officiellement demandé cette coopération afin de faciliter les transferts de fonds vers les citoyens serbes du Kosovo, tout en garantissant leur transparence. La Banque centrale serbe n’a pas encore répondu.