Face à la complexité croissante de notre monde, la perception française du progrès repose sur des piliers de connaissances et de convictions.
Le Baromètre Universcience 2024 révèle un tableau nuancé de cette perception, où l’intérêt pour la science se heurte à des questions éthiques et où l’intelligence artificielle fascine autant qu’elle inquiète. À l’intersection des avancées technologiques et du besoin d’esprit critique, les citoyens se positionnent sur l’échiquier de la confiance et du scepticisme, façonnant ainsi le futur dialogue entre la science et la société.
Révolution IA ou méfiance technologique : l’opinion nationale partagée
La révolution technologique impulsée par l’intelligence artificielle (IA) suscite un vif intérêt chez les Français, comme le révèle le Baromètre 2024 d’Universcience. Si 61% des participants perçoivent l’IA comme une avancée majeure, comparable à celle de l’imprimerie, une large majorité (85%) estime qu’une régulation nécessaire doit être mise en place. Cette ambivalence s’étend aux applications potentielles de l’IA, où la confiance s’effrite dans des domaines engageant la responsabilité humaine. Par exemple, seule une minorité ferait confiance à l’IA pour piloter un avion (28%) ou prescrire des médicaments (33%).
Dans le contexte de cette méfiance latente, l’opinion publique apparaît divisée sur le caractère neutre de l’IA, et la confiance dans les secteurs IA varie considérablement selon les applications envisagées. Les tâches analytiques et de détection d’erreurs recueillent un assentiment conséquent (respectivement 73% et 75%). Le Baromètre met en lumière une perception nuancée des effets de l’IA sur différents secteurs, avec un équilibre entre les risques et avantages perçus, notamment dans les transports et la santé.
Science et société : un engouement réel malgré des questions éthiques
L’intérêt pour la science reste prégnant dans la perception française, surpassant même celui pour le sport ou la politique. Cet engouement se heurte cependant à des questions éthiques, notamment en ce qui concerne la définition même des disciplines scientifiques. La chimie, la médecine et la biologie sont largement reconnues comme scientifiques, tandis que l’économie et les sciences humaines reçoivent des avis partagés, révélant une certaine indécision quant à leur statut scientifique.
Le baromètre relève aussi la présence de disparités de genre, économiques et territoriales dans l’accès et l’intérêt pour les sciences. Par exemple, seulement 26% des sondés considèrent l’économie comme une science, plaçant cette discipline derrière l’homéopathie. Malgré ces divergences, les apports de la science sont jugés très positivement par 8 à 9 participants sur 10, soulignant l’influence bénéfique qu’elle exerce sur notre compréhension du monde et l’amélioration des conditions de vie.
L’éveil de l’esprit critique chez les Français : une histoire de contexte
L’esprit critique est revendiqué par 75% des sondés du Baromètre Universcience comme une qualité personnelle, bien que le quart restant exprime un certain scepticisme ou une indécision. Cette capacité est principalement associée au raisonnement logique et à la capacité d’échanger avec des opinions divergentes. L’éveil de l’esprit critique est ainsi mis en avant comme un élément clé de la formation citoyenne, avec une mention particulière pour les enseignements de français et de littérature.
Les sources d’information influencent aussi fortement la capacité à exercer un jugement critique. Si les réseaux sociaux sont davantage plébiscités par les jeunes pour le débat d’idées, les médias traditionnels restent une référence pour une majorité de la population. Le français et la littérature sont deux fois mieux représentés que les mathématiques quand il s’agit de disciplines contribuant à la formation de l’esprit critique.
Les canaux de l’information à l’ère numérique : un paysage en mutation
Dans le panorama médiatique actuel, Internet et la télévision sont les principales sources d’information pour les Français, selon le Baromètre Universcience. Ceci étant dit, avec 55% de confiance, c’est la radio qui s’impose comme le média suscitant le meilleur crédit. Les critères de fiabilité s’avèrent divers, allant du prestige du média à l’argumentation du contenu, en passant par la présence de références à d’autres sources.
Ce paysage informationnel est marqué par des différences générationnelles notables. Les jeunes privilégient Internet, tandis que les générations précédentes restent attachées aux médias traditionnels. Néanmoins, tous semblent accorder une importance particulière à la radio et à la confiance qu’elle inspire. Les critères de fiabilité, quant à eux, évoluent selon l’âge et les orientations politiques des sondés, témoignant d’une société en pleine mutation dans ses pratiques informationnelles.
La jeunesse française et l’IA : une adoption précoce et différenciée
Parmi la génération Z, une familiarité notable avec les technologies émerge. Selon le Baromètre, 46% des jeunes ont déjà utilisé une IA générative, un taux deux fois supérieur à la moyenne du panel. Cette génération montre aussi un intérêt accru pour les pratiques scientifiques, avec 79% s’informant régulièrement sur ces sujets contre 62% pour l’ensemble des participants.
L’ouverture à l’IA est donc particulièrement marquée chez les jeunes adultes qui font montre d’une confiance supérieure dans ses applications. Ce constat met en lumière des différences générationnelles significatives en matière d’adoption technologique et d’accès à l’information scientifique, soulignant ainsi la nécessité d’une approche adaptée aux différentes tranches d’âge pour aborder les enjeux futurs liés à l’intelligence artificielle et à la science.